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L'hyperperméabilité intestinale, un fléau sous estimé

Marie Chetaille • juil. 15, 2019

Cet article a été publié par Biocontact en mai 2019 On sait maintenant que pour beaucoup de maladies auto immunes ou émergentes, l’importance de l’intestin et de son microbiote sont capitales. Cependant elle a également d’autres répercussions plus insidieuses : dépression, anxiété, insomnie, sensibilité augmentée au stress, allergies, problèmes digestifs, inflammations diverses...

Notre santé est en grande partie liée à la santé de notre intestin, elle-même dépendante de la santé de sa flore intestinale désormais appelée microbiote. Souvent considéré comme la porte de sortie, l’intestin est surtout au carrefour entre système digestif, système nerveux et système immunitaire : un rôle central trop souvent négligé !

L’hyperperméabilité intestinale c’est quoi ?

Quand tout va bien, la muqueuse intestinale est une immense barrière de protection qui laisse passer les nutriments indispensables et rejette les éléments nocifs qui doivent être éliminés. La paroi de l’intestin grêle est constituée de villosités finement plissées. Les cellules de cette paroi, les entérocytes, assurent une fonction de barrière mécanique via leurs jonctions serrées. Lorsque la muqueuse intestinale est enflammée et/ou détériorée, les jonctions serrées se distendent, les mailles du filet se relâchent : toutes les molécules considérées comme anormales ou simplement trop grosses, mais aussi les virus, les bactéries, les métaux lourds, les polluants divers passent dans le sang alors qu’ils auraient dû être retenus et éliminés. C’est le probable point de départ de beaucoup de pathologies auto immunes et/ou inflammatoires, mis en avant par les travaux précurseurs du Dr Seignalet. A l’inverse, les nutriments essentiels, minéraux, oligo éléments, vitamines sont eux mal absorbés car leur assimilation est dépendante d’un microbiote équilibré et d’une muqueuse intestinale en bon état ! L’hyperperméabilité intestinale ou leaky gut syndrome , définit donc l’incapacité de l’intestin à effectuer sa fonction de filtre naturel : ce qui devrait être détruit ne l’est plus et ce qui devrait être assimilé ne passe plus. L’inflammation et l’hyperperméabilité intestinale favorisent les carences nutritionnelles, qui vont à leur tour favoriser inflammation et hyperperméabilité intestinale. On peut en détecter des signaux d’alertes : douleurs, spasmes, ballonnements, selles molles, allergies, difficultés digestives, ballonnements, constipation, problèmes de peau .Le diagnostic passe ensuite par des tests spécialisés, comme le test au lactulose/mannitol.

Le microbiote, les petits soldats

L’hyperperméabilité intestinale est toujours corrélée (et même précédée) par la dysbiose, c'est-à-dire le déséquilibre du microbiote intestinal. En effet, il n’y a pas de bonnes ni de mauvaises bactéries ; c’est l’équilibre qui compte. Le microbiote, c’est l’ensemble des bactéries qui cohabitent dans l’intestin, soit tout de même environ un kilo par personne, en équilibre complexe et fragile. Chaque personne possède même sa « signature bactérienne » unique, en partie transmise à la naissance par la mère. Le microbiote se nourrit de notre alimentation et en échange produit des vitamines et des enzymes qui contribuent à l’activité digestive, dégrade des toxines, soutient l’immunité intestinale et protège la muqueuse. Les bactéries intestinales transforment également certaines substances toxiques ou cancérigènes pour les rendre inoffensives. Un système gagnant -gagnant. Quand l’équilibre bactérien est rompu, on parle alors de dysbiose. Dans bon nombre de pathologies modernes, des liens formels ont été établi entre le microbiote présent et la pathologie exprimée. La flore bactérienne déséquilibrée qui s’est installée agresse et enflamme la muqueuse intestinale : peu à peu l’intestin devient irritable et l’hyperperméabilité intestinale s’installe. Le microbiote est un microcosme en perpétuelle évolution, tant qualitative que quantitative. Un bon équilibre de la flore intestinale est la meilleure protection pour la muqueuse : à l’inverse, la dysbiose est le premier pas vers l’hyperperméabilité.

L’estomac et le foie, des soutiens de poids à bichonner

La digestion commence dans la bouche et dans l’estomac, lieu essentiel de la digestion grâce à son acide chlorhydrique. Si cette sécrétion est insuffisante, les bactéries intestinales pathogènes peuvent proliférer. L’usage excessif de médicaments anti-acide, en diminuant l’acidité gastrique, risque donc de perturber le microbiote : la baisse d’acidité chronique ne permet plus une dégradation suffisante des protéines, ce qui perturbe le microbiote intestinal en favorisant les bactéries pathogènes. Et si la digestion au niveau de l’estomac est vraiment insuffisante, l’intestin grêle ne pourra continuer le travail tout seul. Les molécules alimentaires ne seront pas découpées en éléments assez petits pour être assimilables par les cellules. C’est le problème avec le lactose et le gluten. Les variétés modernes de blé ont subi tant de modifications génétiques que leur pourcentage de gluten a largement augmenté, rendant plus difficile sa digestion. Même chose pour les produits laitiers dont les protéines ne sont plus utilisables par l’organisme dès que nos dents poussent, la nature ayant prévu que les enzymes nécessaires à sa digestion disparaissent à ce moment là. Ces molécules trop grosses et inutilisables sont ensuite considérées comme des agresseurs par l’organisme et enflamment la muqueuse intestinale. La présence en excès de ces molécules modifie l’écosystème intestinal qui va libérer à son tour des molécules nocives. Normalement, ces molécules sont justement trop grosses pour passer la barrière intestinale : l’intestin doit les éliminer puisqu’elles sont des déchets inutilisables. Sauf si la muqueuse abimée est devenue perméable. Enfin, si le foie est surchargé, la bile n’est pas suffisamment sécrétée, la digestion se ralentit, perturbant également la flore bactérienne. Et si le foie fonctionne moins bien, la mauvaise digestion des graisses affaiblit les défenses immunitaires locales et favorise la dysbiose.

Les causes les plus courantes

Elles sont diverses : une alimentation riche en additifs, conservateurs, pesticides, perturbateurs endocriniens qui agressent la muqueuse, trop pauvre en fibres (c’est le meilleur pourvoyeur en prébiotiques), trop riche en fibres crues (elles peuvent alors devenir irritantes), les carences en omégas 3, une nourriture insuffisamment mastiquée, l’intoxication aux métaux lourds, l’alcool, le tabac, un transit irrégulier, une allergie au gluten (maladie coeliaque), une consommation abusive de soja. Il faut privilégier une alimentation aussi riche et variée que possible car elle détermine et sélectionne les bactéries intestinales. Un microbiote riche et diversifié est bon signe, contrairement à un microbiote pauvre en variété. Les ondes électromagnétiques favorisent également l’hyperperméabilité intestinale. Limiter l’exposition et ne pas porter en permanence son téléphone à la ceinture. Plusieurs médicaments pris au long cours peuvent influencer défavorablement l’équilibre du microbiote : antibiothérapie, anti inflammatoires, corticoïdes, anti acides, inhibiteur de la pompe à proton, laxatifs. La pratique d’un sport intensif peut fragiliser la muqueuse : la circulation sanguine au niveau du cerveau et des muscles est augmentée au détriment de la muqueuse intestinale. Ce qui entrainera une moins bonne oxygénation des cellules intestinale, l’altération de la muqueuse et la prolifération des bactéries pathogènes. Le stress chronique est également en cause ainsi qu’une infection bactérienne, mycosique, virale ou parasitaire.

Des conséquences étendues à tout l’organisme

L’hyperperméabilité intestinale permet le passage de molécules nocives dans le sang et serait en cause dans les maladies allergiques ou auto immunes, les maladies émergentes comme la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique, la spasmophilie….etc. L’hyperperméabilité intestinale est responsable d’une mauvaise oxygénation cellulaire par le passage excessif dans le sang des peptides non digérés et des toxines crées par les bactéries intestinales : ces éléments peuvent alors se déposer sur la membrane cellulaire et gêner le passage des nutriments : mais surtout, en rendant l’oxygénation cellulaire difficile, perturber le fonctionnement de la cellule et favoriser l’acidification cellulaire en obligeant celle-ci à modifier son fonctionnement. Les molécules nocives qui passent dans le sang entrainent inflammation et réaction auto immunes : l’organisme détruit les agresseurs en abimant un peu à chaque fois la surface qui le portait. Polyarthrite rhumatoïde, basedow, hashimoto, lupus… peuvent être liées à l’hyperperméabilité intestinale. D’autres molécules ne sont pas reconnues du tout et sont accumulées, entretenant des réactions inflammatoires dans tout l’organisme : infections ORL, problèmes de peau, colites… Le système nerveux est lui aussi victime du déséquilibre intestinal.

L’axe cerveau intestin impacté en cas de dysbiose

C’est une conséquence sous estimée. Les réseaux nerveux des parois internes de l’intestin possèdent environ deux cent millions de neurones qui disposent des mêmes neuromédiateurs que le cerveau. Cet important réseau nerveux est directement connecté au système nerveux autonome par le nerf vague. L’intestin est un des premiers informateurs du cerveau : il envoie quatre ou cinq informations au cerveau pendant que lui n’en envoie qu’une seule. Le lien entre un état émotionnel et le microbiote a déjà été prouvé expérimentalement : des scientifiques ayant transplanté la flore intestinale de souris agitées à des souris calmes ont constaté que ces dernières devenaient nerveuses et instables. D’autres études ont prouvé qu’une supplémentation en probiotiques modulait l’expression de certaines zones au niveau cérébral. De nombreux travaux scientifiques ont mis en évidence le rôle fondamental de l’intestin dans de très nombreuses maladies, y compris dans la dépression nerveuse. L’impact de la dysbiose et de l’hyperperméabilité intestinale sur l’autisme est également évoqué. Si la caséine du lait et le gluten des céréales ne sont plus totalement digérés, mais que leur transformation s’arrête au stade des caséomorphines et glutéomorphines, ces petits groupes d’acides aminés ont la particularité de se fixer au niveau cérébral sur les récepteurs des opiacés, produisant les mêmes effets que des drogues dures comme la morphine. Nervosité, insomnie, déprime, anxiété, sont souvent liées à l’intestin, bien qu’on n’y pense presque jamais.

Les solutions naturelles au secours de l’intestin

Mieux vaut prévenir que guérir : adopter une alimentation aussi bio que possible et éviter les causes déjà citées. Privilégier l’allaitement maternel pour donner à son enfant le meilleur microbiote dès le départ. Bien mastiquer, consommer fruits et légumes quotidiennement, quelques oléagineux tous les jours, privilégier le pain bio au levain. Eviter les fruits et les yaourts aux repas, le sucre en excès, surtout blanc, les produits laitiers, le grignotage entre les repas. Limiter le gluten. Ne pas hésiter à faire appel à un thérapeute qualifié pour faire le point ensemble. En cas d’hyperperméabilité avérée, en plus de la réforme alimentaire, l’éviction du gluten et du lactose sera nécessaire les premiers mois. Attention au régime sans gluten mis en place sans accompagnement ; certaines recettes sans gluten, composées avec de multiples mélanges de farine, du soja… peuvent se révéler pires encore que le gluten. Certaines personnes tolèrent tout à fait un véritable pain bio au levain mais ne supportent pas le pain sans gluten prêt à l’emploi. L’intestin ne s’y trompe pas ! Ensuite les thérapies naturelles disposent d’un panel très large pour accompagner le retour à l’équilibre. Les probiotiques, des micro organismes vivants (en général lactobacilles ou bifidobactéries), viennent renforcer le microbiote naturel. Leur prise nécessite généralement le conseil d’un thérapeute pour choisir les souches adaptées, car mal choisi, il peut aggraver constipation ou diarrhée, mais fera merveille s’il est adapté. Mais ils n’ont qu’une fonction de soutien, et n’agissent qu’en complément d’un traitement de fond visant à rétablir l’équilibre naturel et la régénération de la muqueuse intestinale. Certains alicaments possèdent naturellement cette fonction : le pollen frais ou surgelé directement après sa récolte, la sève de bouleau issue d’une récolte fraiche (non pasteurisée, sans ajout de conservateur ni alcool), la boisson kombucha…Certains éléments comme les alkylglycerols stimulent la croissance de lactobacillus acidophilus. La chlorophylle (penser au jus d’herbe d’orge, spiruline) a une action rééquilibrante sur le microbiote : parfois, après une prise de chlorophylle, les probiotiques ne sont plus nécessaires, car on constate que le microbiote se rééquilibre naturellement. Mais aussi le curcuma, anti inflammatoire digestif, la L-glutamine, constituant et carburant majeur des cellules de la muqueuse intestinale, l’aloé vera, apaisant et cicatrisant, la propolis, antiseptique et immunostimulante, l’extrait de pépins de pamplemousse qui ne s’attaque qu’aux bactéries pathogènes, des plantes adoucissantes et anti inflammatoires comme la camomille ou la mauve, l’homéopathie pour soutenir le terrain… Le programme alimentaire et un suivi régulier doivent être effectués par un thérapeute qualifié, qui peut également orienter vers des laboratoires d’analyses spécialisées.

Si on a maintenant conscience du rôle de l’intestin dans bon nombre de pathologies, on sous estime encore beaucoup trop son rôle au quotidien pour soutenir l’immunité ou l’assimilation des nutriments mais surtout pour notre état émotionnel. Notre intestin a parfois du mal à gérer ce que nous lui faisons subir : il est temps de lui accorder tout l’importance qu’il mérite pour digérer plus sereinement les aléas de la vie…


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